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A. Huxley à Sanary 1.1

Ce que je savais d'Aldous Huxley

Table des matières - image


1.1 Première approche du célèbre auteur
Comme de nombreux adolescents, j'ai eu un jour entre les mains un exemplaire du “Meilleur des mondes“ , ouvrage que j'ai lu avec la même passion pour le futurisme et le même intérêt qui m'amenèrent alors à dévorer “1984“ deGeorge OrwellDe son vrai nom Eric Blair, est né à Motihari en Inde le 25 juin 1903. Il meurt à Londres le 21 janvier 1950. Auteur d'une oeuvre variée, son ouvrage le plus connu est le roman 1984, description satirique d'un univers totalitaire (©Wikipedia) et le tout aussi célèbre “Ravage“ de René BarjavelEcrivain et journaliste français (24 janvier 1911 à Nyons (Drôme) - 24 novembre 1985 à Paris). René Barjavel est principalement connu pour ses romans d'anticipation. Certains thèmes y reviennent fréquemment: chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, caractère éternel et indestructible de l'amour (Ravage, Le Grand Secret, La Nuit des temps, Une rose au paradis). Son écriture se veut poétique, onirique et, parfois, philosophique. Il a aussi abordé dans de remarquables essais l'interrogation empirique et poétique sur l'existence de Dieu (notamment, La Faim du tigre), et le sens de l'action de l'homme sur la Nature. Cet auteur reste extrêmement populaire un quart de siècle après sa disparition (©Wikipedia).

Pour assouvir mon goût des voyages, je choisi de travailler à l'étranger, et tous les grands livres que je lisais durant mes périples étaient, malgré leurs poids, régulièrement rangés au domicile familial à Toulon : L'Eminence Grise (1942) et Le Sourire de La Joconde (1952) trouvèrent leur place sur les rayons de ma bibliothèque aux côtés du Meilleur des mondes. Jamais je ne pus me douter de l'endroit où l'auteur avait écrit ce dernier ouvrage car aucune notice biographique ne m'avait jamais révélé d'information.

À la fin des années 1980, après un séjour de quatre années dans la ville de New York, je décidai de m'installer en Californie. Deux raisons m'y poussèrent: le désir d'en savoir plus sur l'industrie informatique naissante et une curiosité pour ce qu'on appelait alors le “New Age“Le New Age (traduit Nouvel âge en français, bien que la dénomination anglaise soit plus courante) est un courant de pensée occidental des XXe et XXIe siècles, dans lequel on classe différents groupes spirituels hétérogènes. Le terme "new age" s'appuie aussi sur des arguments d'ordre astrologique, il annonce l'avènement d'une ère nouvelle pour l'humanité, d'un âge d'or: l'“Ère du Verseau“(©Wikipedia) dont il était de plus en plus question à l'époque dans “La Grosse Pomme“Nom donné à la ville de New York. Dès mon arrivée dans le “Golden State“L'Etat en or, nom donné à l'état de Californie, je m'inscrivis dans l'un des premiers cours de graphisme sur ordinateur jamais mis au point. Ce fut au sud de la Californie, au “Platt Collège“ de San Diego, à quinze minutes de la frontière Mexicaine et deux heures de Los Angeles.

Par les longues conversations avec de jeunes informaticiens indiens et iraniens, par les lectures de magazines alternatifs tels que “Mondo 2000“ ou “Zero“ et grâce enfin à l'écoute des radios indépendantes qui avaient mes préférences, j'eus la confirmation que la Californie n'était pas uniquement le laboratoire des valeurs matérialistes, mais était aussi un champ d'expérimentation technologique et psychologique, les deux souvent entremêlés. Il me fallut peu de temps pour faire la part des choses entre l'engouement pour le nouvel âge et son folklore hippie et les questions plus sérieuses sur les philosophies asiatiques, les passerelles entre les croyances orientales et occidentales, l'exploration de la conscience et certaines expériences psychédéliques pour s'en rapprocher. A cette époque, les noms les plus cités étaient ceux d'Alan Watts(1915-1973) docteur en théologie et en divinité est reconnu comme un fin interprète du Boudisme Zen et des philosophies Indiennes et chinoises. Il est l’auteur de plus de 20 excellents livres sur la philosophie et la psychologie des religions et discouru pendant de nombreuses années sur ces sujets à travers lectures et émissions de radio, laissant derrière lui un riche héritage radiophonique. Avec une caractéristique lucidité et beaucoup d’humour Watts vulgarisa les plus subtils concepts rapprochant les philosophies d’orient et d’occident, de Timothy Leary(1920-1996) docteur en psychologie, philosophe, enseignant, auteur de nombreux livres, optimiste invétéré et explorateur révolutionnaire du mental. Il fut appelé le Galilée de la conscience à travers ses observations sur l’esprit grâce à l’usage d’outils psychédéliques censé lui apporter une renaissance, outils qu’il testa amplement sur lui-même et... d'Aldous Huxley.

Si, déjà à l'époque, j'avais entendu parler de la “Beat experience“Amorcée à New-York avec William Burrough et Allen Ginsberg la scène poétique de San-Francisco fut galvanisée quand ce dernier amena sur la côte ouest l’esthétique, la fièvre et le mouvement de ses récitations. Suivant l’exemple de Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, Gary Snyder et Jack Kerouac pour ne citer que les plus célèbres produisirent de la prose et de la poésie reconnues comme la “San-Franscisco Renaissance“ qui devint la "Beat Génération", des “Merry PrankstersMerry Pranksters est le nom d'un groupe psychédélique qui se constitue au début des années 60 en Californie autour de l'écrivain américain Ken Kesey avec, pour second dénominateur commun, le LSD et la marijuana dont ils sont d'intenses consommateurs et promoteurs” et de “l’Electric Kool Aid Acid TestL’Electric Kool Aid Acid Test est une roman écrit par l’écrivain Tom Wolfe au début sa carrière. Utilisant des techniques de style “réalisme hystérique“, il fût avec Hunter Thompson le créateur du nouveau journalisme américain. L’Acid Test narre de l’extérieur la folle histoire de Ken Kesey et des Merry Pranksters alors qu’ils traversaient les Etats-Unis dans un grand bus d'école bariolé, dans laquelle à travers l’usage de LSD et autres drogues psychédéliques ils atteignirent une révélation personnelle aussi bien que collective. Wolfe dans son célèbre livre s'attacha surtout à la transcription des découvertes intellectuelles et quasi religieuses des Pranksters plutôt qu’à la simple narration de la saga” de Ken Kesey, je m'intéressais d'avantage au cours des trois années suivantes à la découverte des influences orientales en philosophie. J'avais entendu parler de l'école de théosophieLe terme théosophie fait référence à une doctrine très en vogue au tournant du XXème siècle qui soutient que toutes les religions sont des projections et tentatives de l'Homme de connaître “le Divin", et que, par voie de conséquence, chaque religion possède une partie de la Vérité(©Wikipedia) et de la prise de distance de KrishnamurtiJiddu Krishnamurti naquit le 11 mai 1895 à Madanapalle en Inde, et fut pris en charge à l'âge de treize ans par la Société Théosophique, qui voyait en lui l'“Instructeur du monde“ dont elle avait proclamé la venue. Très vite Krishnamurti apparut comme un penseur de grande envergure, intransigeant et inclassable, dont les causeries et les écrits ne relevaient d'aucune religion spécifique, n'appartenaient ni à l'Orient ni à l'Occident, mais s'adressaient au monde entier. Répudiant avec fermeté cette image messianique, il prononça dans la stupeur générale en 1929 la dissolution de la vaste organisation richement dotée qui s'était constituée autour de sa personne. Il déclara alors que la vérité était “un pays sans chemin“, dont l'accès ne passait par aucune religion, aucune philosophie ni aucune secte établies. Tout le reste de sa vie, Krishnamurti rejeta obstinément le statut de gourou que certains voulaient lui faire endosser. Il ne cessa d'attirer un large public dans le monde entier, mais sans revendiquer la moindre autorité ni accepter aucun disciple, s'adressant toujours à ses auditeurs de personne à personne. À la base de son enseignement était la conviction que les mutations fondamentales de la société ne peuvent aboutir qu'au prix d'une transformation de la conscience individuelle. L'accent était mis sans relâche sur la nécessité de la connaissance de soi, et sur la compréhension des influences limitatives et séparatrices du conditionnement religieux et nationaliste. Krishnamurti insista toujours sur l'impérative nécessité de cette ouverture, de ce “vaste espace dans le cerveau où est une énergie inimaginable“. C'était là semble-t-il, la source de sa propre créativité, et aussi la clé de son impact charismatique sur un public des plus variés. Krishnamurti poursuivit ses causeries dans le monde entier jusqu'à sa mort d'un cancer, en 1986 à Ojai en Californie, à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Ses entretiens et dialogues, son journal et ses lettres ont été rassemblés dans un corpus de plus de soixante volumes(©Wikipedia) dont on parlait encore beaucoup en Californie, mais c'est la sagesse orientale vulgarisée avec brio par Alan Watts lors de ses célèbres conférences qui m'attirait le plus.

Né en Grande-Bretagne, ancien pasteur spécialiste des religions à l'analyse fine et au franc parler, Watts avait, dès l'age de vingt ans, écrit un ouvrage remarquable sur le boudhisme Zen (The Spirit of Zen, 1936). Il avait ensuite été un des premiers à faire des comparaisons et établir des ponts entre les spiritualités d'Orient et d'Occident. Si sa parole vibrante touchait tous ceux qui venaient l'écouter, il avait toujours refusé le statut de gourou, quoique plus de vingt-cinq ans après sa disparition il était encore le maître à penser d'un certain nombre de jeunes Américains. Avec Timothy Leary et Aldous Huxley il avait mené plusieurs expériences scientifiques sur les drogues hallucinogènes. Huxley et lui en avaient révélé les résultats à travers des correspondances, des entretiens et deux livres parallèles: les Portes de la perception pour Huxley (The Doors of Perception, 1954) et Joyeuse cosmologie pour Alan Watts (Joyous Cosmology, 1962). Toutefois, ni Allan Watts ni encore moins Aldous Huxley n'étaient les gourous ou les drogués que certains avaient voulu un peu facilement faire croire.
“Cher Allan, merci pour le mémorandum, qui est très complet en ce qui me concerne. Dans mon dernier courrier [...], j'ai proposé que quelques éléments y soient, à mon avis, incorporés - l'enseignement par l'art et la thérapie relaxante [...] par égard à la science nous devrions clarifier le fait qu'il n'y a aucune intention de poursuivre des investigations micro physiologiques dans le domaine des nerfs, des potentiels électriques, etc., mais que nous sommes intéressés par le ‘phénomène moléculaire’ de l'organisme humain.“
À l'époque où je découvrais les déserts de Californie et du Mexique je lisais La Philosophie éternelle (The Perenial Philosophy, 1945). J'ignorais alors partager des liens géographiques si particuliers avec son auteur Aldous Huxley et ne pouvais imaginer croiser sa trace près de quinze ans plus tard. A suivre
Université Nancy II © Gilles Iltis 2005

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