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L’histoire de Fosca Gori 4.3

Au cours d'une promenade sur le site de la "Villa Huxley"

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Après avoir, à plusieurs reprises, parlé à Fosca au téléphone, nous nous sommes enfin rencontrés. C’était en plein coeur de l’été, dans la maison qui lui appartient toujours, à deux pas de la plage de la Gorguette.

Il n’est pas aisé aujourd’hui d’imaginer le visage de quelqu’un aperçu sur des photographies prises il y a plus de soixante-dix ans. Sur les derniers clichés, Fosca était une très belle jeune fille d’une vingtaine d’années. Aujourd’hui encore, elle montre une certaine élégance bien qu’elle ne porte que des vêtements sport de couleurs claires. Je la trouvais plus grande et plus fine que je ne l’avais imaginée, contrairement aux photographies de sa mère. Elle portait encore à son doigt la bague que Maria lui avait offerte il y a de cela tant d’années et dont elle avait hérité. La conversation tourna naturellement autour de la famille Huxley mais aussi autour de son propre passé et de la sérénité qu’elle ressentait au soir d’une existence marquée par une vie bien remplie et enrichie de cette belle rencontre.

Je sentis qu’elle attendait ce moment où elle pourrait à nouveau évoquer ces années passées auprès d’étrangers à ce point hors du commun. Elle était simplement fière de la chance qu’elle avait eue, sans vantardise ni exagération. Elle s’était sentie bénie et privilégiée d’avoir depuis si tôt dans sa vie pu côtoyer des êtres comme Maria et Aldous. Maria surtout était toujours vivante dans son c½ur et son esprit. Fosca l’admirait de la même façon qu’il y a plus de soxiante-dix ans quand, petite fille, elle avouait à sa mère tout son amour pour Maria.

Au cours de cette chaude soirée du mois d’août, nous avons marché jusqu’au bord de la mer et arpenté le petit chemin de terre désert reliant la Gorguette à la pointe de la Cride. Nous nous sommes arrêtés dans l’allée Thérèse où se trouvait autrefois la “Villa Huxley“, lieu complètement transformé depuis en centre de vacances pour les pupilles du ministère de l’Éducation nationale. Nous avons demandé la permission de visiter le jardin car il ne reste rien ou presque de l’ancien bâtiment. Tout en montrant les lieux, Fosca raconta son histoire au jeune directeur et à son adjointe. Elle était bouleversée car l’endroit ne ressemblait presque plus à ce qu’il avait été autrefois. Elle nous fit une minutieuse description de la maison telle qu’on y vivait à l’époque, elle parlait de ces habitants comme si ces derniers s’en étaient allés il y a seulement quelques années, certainement pas comme si cela tout s’était passé au début des années trente.

Selon le directeur, le jeune personnel et lui avaient toujours été intrigués par la plaque figurant à l’entrée. Après l’émouvant récit de Fosca, ils purent mesurer la valeur de cette visite impromptue, connurent l’importance de l’écrivain et la place que son épouse et lui avaient tenue ici dans le c½ur de certaines personnes.
Fosca poursuivit avec ferveur son récit, donna une fidèle description du jardin, les champs colorés de pois de senteur, les formidables pique-niques dans le jardin, les parties de plage avec le bateau pneumatique.

« […] Cette année nous avons fait l’acquisition d’un drôle de bateau pneumatique (un bateau de survie pliable que l’on utilise dans les aéroplanes), ou l’on peut ramer sur une mer déchaînée mais dont le charme consiste à pouvoir s’installer confortablement et sans pareil sur le coussin d’air pour prendre des bains de soleil, bercé par le rythme des profondeurs. Une fois dégonflé, on peut le plier, le ranger dans un petit sac et l’emmener avec soi pour explorer de petit cours d’eau, des lacs isolés, etc. C’est un jouet très ludique.
Ton fils qui t’aime. Aldous. »

La chambre de Maria où elle dansait devant les miroirs pour conserver une ligne gracieuse (elle fut un temps l’élève de Daghiliev) ; la scientifique Charlotte Woolf, venue un été lire à tous les lignes de la main, la maison toujours parfumée de pétales de roses ou de fleurs déposées dans de grandes jarres de terre cuite, les indolents chats siamois, l’atmosphère paisible où personne n’était autorisé à élever la voix quand M. Huxley travaillait, etc. Tout passait en revue dans sa mémoire intacte.

« Un jour, un membre d’une famille royale sonna, et même lui n’eut pas la permission de déranger M. Huxley ! Mais M. Huxley nous parlait constamment à nous ! Quand Mme Huxley n’était pas là, il mangeait avec nous dans la cuisine et nous racontait toujours quantité d’histoires... M. et Mme Huxley ont même assisté à la première communion de mon petit frère Erasmo. Je me souviens aussi du jour de mon certificat d’études, quand Mme Huxley et ma mère sont venues sans prévenir me chercher à l’école en Bugatti. Quand je leur ai dit que j’avais réussi mon examen, ma mère et Maria étaient si fières de moi. Oh ! Mon Dieu ! »

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